mercredi 3 juin 2009

I am a typeface

Pour mieux comprendre ce billet, il vous faudra d'abord écouter la vidéo ci-dessous. À moins d'être gelé ou complètement fou, il est normal de se poser de nombreuses questions suite à son visionnement.



Laissez-moi vous mettre en contexte : nous sommes en 1997 et, entre deux albums, Kylie se fait proposer par un DJ/producteur japonnais, Towa Tei, une collaboration à saveur abstraite, presque kafkaïenne. La petite dynamo australienne, n'ayant pas froid aux yeux et aimant parfois prendre des risques musicaux, accepte avec joie et se met aussitôt à l'écriture de paroles absurdes et plutôt mystérieuses. Voici, en gros, ce que ça donne :

My name is German Bold Italic
I am a typeface which you have never heard before
Which you have never seen before
I can compliment you well
Especially in red, extremely in green, maybe in blue ?
You will like my sense of style

Perplexe ? Probablement. Je crois même qu'il s'agit du but de l'exercice.

C'est que, voyez-vous, j'ai tenté à maintes reprises d'interpréter ces "paroles", de les mettre en perspective afin d'essayer de comprendre ce que tout ça peut bien vouloir dire. Mes tentatives se sont avérées veines. J'en suis venu à la conclusion que ça ne veut absolument rien dire. C'est n'importe quoi. Et savez-vous quoi ? Je trouve que c'est du grand art.

Du très grand art, même.

Je sais que plusieurs d'entre vous seront sceptiques quant à ma conclusion, et je vous comprend : je tiens à préciser que je me distance par rapport à mon amour pour Kylie afin de mieux analyser le tout. À mes détracteurs : essayez, vous, d'écrire une chanson aussi abstraite que ça. Vous en aurez probablement des maux de têtes. Il semble être en effet difficile de composer des paroles qui, aussi abstraites soient-elles, puisse constituer un ensemble ayant une certaine logique.

Ce récit fantasque d'une police de caractère saugrenue et ayant besoin d'attention est une preuve tangible que la pop n'est pas nécessairement ce qu'on pense. On peut en conclure qu'il y a plusieurs dimensions à la culture pop, de diverses "profondeurs". Pour naviguer entre le pétillant et l'abstrait, il suffit, je crois, de ne pas se prendre au sérieux et d'avoir envie de sortir de sa zone de confort : réunissez ces deux conditions et vous avez là tout le potentiel d'arriver avec un concept déstabilisant au mieux, intéressant au pire.

À moins de porter une attention particulière à German Bold Italic, on n'entend qu'une musique techno avec quelqu'un qui parle. C'est un produit qui apparaît frivole en surface. Pourtant, l'observation des paroles et du "message" de la chanson a de quoi remuer. Cette dualité rencontrée lorsque le superficiel et l'abstrait entrent en collision est une conception que je me plais à remarquer, à analyser. Elle fera d'ailleurs l'objet d'un pitch que je suis en train de préparer pour une émission de radio sur internet.

Ah, ha ! Il est plein de surprises, votre Capitaine, non ?! L'envie de maximiser mes temps libres et mon flux imaginaire plus achalandé que la moyenne me motivent à être productif de toutes sortes. Je vous reparlerai de ce projet radiophonique ultérieurement, lorsque l'idée sera mieux définie.

En attendant, je vous invite, si le coeur vous en dit, à partager avec moi votre interprétation de German Bold Italic, car il se peut que j'aie tout faux... peut-être s'agit-il d'une référence implicite à une chanson ou un concept dont j'ignore l'existence ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire