dimanche 1 mars 2009

Le Capitaine qui aimait être insolent

Lorsque j'étais jeune garçon, j'ai développé plusieurs stratégies pour m'aider à obtenir ce que je voulais. Les enfants de couples divorcés sont pour la plupart d'habiles manipulateurs, et c'est tout à leur honneur. Ça prépare pour la vraie game, disons.

S'arranger pour obtenir ce que l'on veut, c'est raffiné. C'est de la manipulation soft, candide, à tendance innocente. Ceux qui jugent qu'il s'agit plutôt d'une attitude mesquine et répréhensible sont probablement ceux qui poussent justement l'audace trop loin.

J'ai une stratégie bien à moi pour m'assurer que rien ne va m'exploser au visage. C'est rassurant, et ça m'aide à me sentir spécial. Ça ne fonctionne pas toujours, et je suis toujours agréablement surpris en cas d'échec. Exemple très éloquent : je travaille dans un centre d'appels où toutes les conversations sont enregistrées. La fonction mute sur mon téléphone est l'une de mes plus fidèles alliées dans ma quête du bonheur. Elle me permet de mettre en valeur ma connaissance de la langue française et de sa variété d'insultes farfelues.

Il me fait d'ailleurs plaisir de vous annoncer que vous vous faites tous insulter. Sans exception. Ce n'est pas parce qu'on vous trouve particulièrement stupide ou agaçants, c'est juste que ça nous fait jouir un peu. À chaque fois. Surtout quand vous pensez que vous êtes sur hold. Ha ! Quelle hypocrisie. Mais bon, ça va dans les deux sens. Match nul, je suppose.

Ma fonction mute, donc, fantastique outil pour la liberté d'expression. Je l'aime. Sincèrement. Elle me permet d'être particulièrement créatif au niveau des insultes. Par contre, elle a ses limites. Je perds le contrôle au moins une fois par jour. Scénario typique : conversation insignifiante, qui dure depuis trop longtemps déjà et pendant laquelle j'ai réussi à trouver 18 façons différentes de dire que même si j'avais envie de faire quelque chose, je ne pourrais tout simplement pas.

Ça me fait sentir un peu mal. Mais pas trop. On s'habitue avec le temps.

Il fait bon être insolent. Surtout quand on sait comment se sortir du trouble, ce qui est assez facile quand on peut faire le cute. J'en profite pendant que je peux encore.

J'aime mieux être celui qui va parler un peu trop que celui qui va se taire. Et de loin. Si jamais je perds ce franc-parler qui m'importe tant, c'est parce que je serai allé vraiment trop loin.

:o)

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