vendredi 13 mars 2009

Ugly K.

J'ai un collègue au travail qui prend plaisir à me faire pogner les nerfs. Il est vraiment talentueux dans ce domaine, d'ailleurs. Chaque jour est comme un long combat. Il faut dire que j'éprouve également une jouissance certaine lorsque je réussis à le mettre hors de lui. C'est donc d'un commun accord officieux que nous entreprenons quotidiennement de longues et savoureuses fusillades verbales.

Au début, je le trouvais insignifiant et extrêmement désagréable. C'est lors de notre première journée de travail qu'il m'a fait part de ses allégeances politiques. Hardcore comme premier contact, surtout qu'il nous serait difficile d'être plus différents à cet égard. Disons qu'il penche du côté des méchants. Je n'en dirai pas plus, cette information devrait vous être suffisante pour comprendre ce que je veux dire.

La compagnie nous avait même envoyés à Toronto ensemble. Pour trois jours. Comme s'il ne s'agissait pas déjà d'une punition suffisante que de m'envoyer en Ontario, il fallait en plus que le beau-frère de l'Antéchrist m'accompagne.

C'était d'un désagrément absolu : le con, il m'obstinait sur tous les sujets. De mes allégeances politiques jusqu'à la musique pop en passant par la température et la liberté d'expression.

J'étais dans la merde car cet être machiavélique avait rapidement saisi l'essence de ma personnalité caractérielle et opiniâtre. Il était beaucoup plus intelligent qu'il ne le laissait paraître. Calvaire.

Il m'aura donc fallu quelques mois pour apprendre à aimer ce petit troubadour de la zizanie : je me suis rendu compte, avec le temps, que celui que j'appelle affectueusement Ugly K. est en fait un travesti de l'esprit. Ça veut dire qu'il n'est que très rarement sérieux dans ses propos : il va plutôt choisir de dire des choses qui me feront assurément réagir, dans le but précédemment non-avoué de provoquer des débats.

Chapeau, mon cher Ugly. Je te remercie de constamment me provoquer. Car si mes valeurs et les choses auxquelles je crois sont pour moi claires et élaborées, il n'en est rien pour la moyenne de mes interlocuteurs. Il me force à mettre en mots et à justifier les causes qui me tiennent à coeur. C'est ainsi que, sournoisement, il arrive à me faire douter de moi-même et à remettre mes principes et idéaux en question.

Son acharnement est exemplaire. Et c'est pour cela que je l'aime. Amicalement, bien sûr. Car après tout, il demeure Ugly K. Si jamais vous croisez son chemin, je vous invite à prendre tout ce qu'il vous dira avec un (énorme) grain de sel.

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